Victor_Versaille

Victor_Versaille
Moi Victor Lecoup

dimanche 27 septembre 2020

Philatéliste complètement timbré, tamponné, prêt à être expédié !

Ce jour-là, moi, Victor Lecoup, je vais à Orléans, Loiret, Centre, France. Pour mon job, mon enquête, mon reportage. A la chasse aux chasseurs de timbres.




J'y suis accueilli par un confrère local, William. A l'entrée de ce salon annuel des philatélistes royalistes. Ensemble, nous passons de collections en collections. Royales pour ne pas dire impériales ! Ici, celle d'un amateur avisé. Là, celle d'un débutant plein de passion. Une autre majestueuse d'une association de fils de têtes couronnées.


Une bonne heure plus tard, William annonce la fin de la visite. La fin ? 

Je vois pourtant là-bas au bout de l'allée un exposant bien installé. Qui m'intrigue. Je détourne mes pas de ceux de William, qui me rattrape par la manche. Ce monsieur là-bas n'est pas le bienvenu. Qu'importe. J'y vais là-bas, j'y cours, vers l'interdit.

Oh ! Surprise ! Pas une seule planche, pas un seul timbre. Je m'interroge. Je l'interroge. Il me montre son front. Tatoué. Joli timbre entre les deux yeux. Il monte sur la table et se frappe la poitrine en hululant bruyamment. Le public ébahi prend peur et reste coi. Scotché sur place, il assiste au spectacle. Notre homme ôte la chemise, puis le pantalon. Exhibé en slip de bain, string charmant, il clame sa victoire, mille et timbres tatoués sur le corps, du haut en bas, devant derrière, là où il faut et là où il ne faudrait pas. Il réclame le premier prix. J'applaudis. Seul. Me ravise aussitôt.


Pauvre homme, il est complètement timbré ! Alors pour le faire taire, je l'assomme d'un coup de lampadaire. Le voilà tamponné prêt à être expédié ! Loin hors d'ici.


samedi 19 septembre 2020

Le vestibuphile fête Sorel

Ce jour-là, moi, Victor Lecoup, journaliste, je me rends dans le XVIème, Paris, Ile-de-France, France. Pour mon job, mon enquête, mon reportage. A la rencontre de Marcel Robe, un collectionneur de vêtements, qui se dit vestibuphile.

Quel nouveau coup pendable ce diable a-t-il concocté ? Car, je me suis renseigné, cet amateur éclairé est passé maître dans la collecte de pièces de musée. Vente aux enchères par-ci, vide-grenier par-là, service rendu à la Nation, petit arrangement entre garnements, tout moyen justifie ses fins. Ce grand monsieur m’a adressé une invitation personnelle à la Nuit de la lingerie Agnès Sorel. J’en suis flatté, intrigué et amusé. Le carton indique que la célèbre Dame de beauté, favorite du roi de France Charles VII, inventa le décolleté à épaules nues, lança la mode de la cosmétique et mourut en 1450 en Normandie, à Mesnil-sous-Jumièges, empoisonnée au mercure, probablement celui de son maquillage. Drame de la dame. Je suis déjà dans l’ambiance. J’enfile un habit beau, sans queue mais à haut chapeau beau. Me voilà paré pour la soirée ! Partons vite avenue Pierre 1er de Serbie ! J’arrive à l’heure dite au Palais Galliera, privatisé pour l’occasion. Je suis conduit au département « sous-vêtements » par une élégante hôtesse d’accueil, en tailleur bleu sombre hyper class. Me voilà le nez plongé dans cinq mille pièces de lingerie toutes plus belles les unes que les autres. Je ne suis pas seul. Plusieurs personnalités sont déjà là. Parmi elles, je reconnais un ami buveur de bières, un rugbyman populaire, le grand et solide gaillard Bastien Achelabs, mis en habit gris comme moi, avec sa touche à lui, un maillot rouge à ses couleurs. Heureux de nous retrouver tous deux ensemble une coupe de champagne à la main au milieu de jolies dames, nous trinquons souriants en silence. Une invitée jeune et gaie en robe à fleurs multicolores s’approche alors de nous et lève son verre à notre complicité. « Je te présente mon amie Saly Vicha, me dit mon copain. Elle a lancé sa propre collection de lingerie, et cela, avec plus de succès que je n’ai lancé mes maillots ! Bravo Saly ! Nous allons maintenant travailler en duo à une collection de sous-vêtements masculins pensés par les femmes qui aiment les hommes qui aiment les femmes. » Tout est dit. Tout de blanc vêtus, Rémi Jee et Denis Sabaraudé, deux gars hyper clean et chaleureux, les deux nouvelles coqueluches du savon Made in France à New-York, sont là aussi. Ils accompagnent un mécène américain de leurs relations. Isolé dans son coin, un homme étrangement sapé, malvoyant apparemment, attend seul avec son chien qu’on vienne le chercher. Un malvoyant dans une galerie d’art ? Quelle drôle d’idée, il ne peut que toucher … J’apprends par un voisin qu’il s’appelle Luc Féri, avec un « i », inconnu aux bataillons du web. Un malvoyant certes, mais un chien aussi. Ce n’est pas un éléphant, certes, et ce n’est pas de la porcelaine, certes, mais c’est tout de même un grosse bête dans de la dentelle fine et précieuse. Je regarde attentif la troupe peu à peu se former, se saluer et s’interroger sur la raison de cette réunion parisienne entre gens de la mode, noyées dans un mélange subtil d’élégance désuète et de modernité audacieuse.

Ma flânerie au buffet me conduit à croiser une très jeune invitée en jean bleu et chemisier blanc. Elle se dit être Elisabeth Sorel, descendante d’Agnès Sorel et, par là, princesse héritière de je ne sais quel royaume en Europe. Cette nuit se passera dans de la belle dentelle et avec du beau linge ! Pour alimenter la conversation, je lui raconte que je publie une fois par mois sur mon blog des articles parlant des collectionneurs de timbres, de boîtes de camembert, de boutons, de pièces de monnaies, de cordes, ou de cercueils, etc. Je m’ennuie. Je laisse aller mes pensées. Je revis assoupi un poème de Yono-Si :           

Elle est là, je la vois, Mes yeux d’elle ne peuvent plus se détacher

Du regard je la suis sans voix, Qui est-elle cette muse qui m’a déjà envoutée ?

La revérais-je un jour se promener devant moi sous le soleil doré ?

Ou dormir loin de moi à l’ombre d’un petit bois ?

Quelques soudains tintements de cristal me sortent brutalement de ma rêverie. La maîtresse de cérémonie Rose Roubasvel, avec Marcel Robe à ses côtés, s’apprête à dire quelques mots. Cette entrepreneuse a quitté l’industrie du textile féminin pour se lancer dans les jeux de plateaux poétiques, a cessé le jeter le trouble dans l’esprit pour vibrer avec les fées et les Persées. « Je vous présente Monsieur Marcel Robe, annonce-t-elle à son assemblée en se tournant joyeuse vers son acolyte d’un soir. Un vestibuphile émérite qui va vous dire avec ses mots l’événement qu’il va monter avec moi pour soutenir le Made in France de la lingerie. On est venu nous chercher. Nous n’avons pas pu refuser. » Marcel m’adresse de la main un coucou furtif. Je sens de la fierté dans ses yeux. « Mes amis, nous allons créer un musée ! lance-t-il à la foule excitée. Il sera dans un petit manoir normand, niché près de l’abbaye de Jumièges, dans une belle boucle de la Seine, le manoir d’Agnès Sorel, celui où cette Dame de beauté s’est envolée, emportée par Mercure, dieu des voleurs. Maintenant, en route pour la visite ! Choisissons ensemble les pièces que nous allons exposer toute l’année au Musée de la lingerie Agnès Sorel ». La visite commence. Enveloppée dans une superbe robe fourreau rouge éclatant, Gaëlle Sersuet, une consœur de la presse digitale, me croche le bras, complice pleine de malice. Originaire d’Alsace, elle fait rêver la blogosphère avec ses nouvelles sur la mode, les parfums et les soins. Avec elle, je suis bien. « Agnès Sorel, tu sais, j’aime bien, me glisse-t-elle dans l’oreille. » Nous suivons la guide avec application. « À l’énumération des pièces, on entrevoit le secret de l’intime, explique-t-elle : jupons, culottes et pantalons, cages de crinolines, queues, tournures, poufs, chemises de jour, chemises de nuit, cache-corsets, corsets, gaines, soutiens-gorge, guêpières, combinaisons, bas, porte-jarretelles, collants, serre-tailles, etc. » Marcel Robe commente ces présentations pour mettre en lumière les pièces qu’il préfère : le bas-jarretière, le cache-cœur, la chemise-culotte, la liseuse, le négligé, le caraco, le déshabillé, le string, le shorty, le body, le débardeur ou le vertugadin. Ah ! Le vertigineux vertugadin tant aimé des gredins !

 On visite, on regarde, on touche, on comprend, on s’interroge, on enquête, on s’inquiète, on se rassure. Tout le monde s’est pris au jeu. Le chien sage suit le mouvement en guidant son maître. La fête bat son plein. Un mélange d’excitation et d’angoisse. Que choisir parmi tous ces bijoux ! Peu à peu, le groupe construit son catalogue, commente ses choix, s’approprie les possibles, marque les incontournables. Tout se passe bien dans le meilleur des mondes de la dentelle et des frous-frous. L’espace Sorel sera bien.

Quand soudain ! … Rien ne va plus : le chien vire en malin, le toutou devient fou, le cabot sort les crocs, le clébard joue le loubard, le cleps fait parler les biceps. Il se rue enragé sur une parure d’allante allure, la mord, la croque, la craque, la déchiquette, la met en lambeaux, en mille et morceaux, qu’il jette, écrase, massacre. Un carnage qui met la guide en rage et Rose en nage. L’animal sent alors le danger. D’un bond, il se dégage et se sauve, d’un trait, droit devant. La guide se lance à ses trousses, avec Bastien, suivi par Saly, puis par Rémi, Denis et leur Américain, Elisabeth et enfin Gaëlle, qui, libérée de son fourreau, légère dans sa lingerie, poursuit cette poursuite son smartphone à la main, projetant en direct ce fabuleux « Lingerie event» à ses fans, qu’elle adore, et qui vont adorer cela. Quant à Luc et Marcel, ils se remettent tranquillement de leurs émotions, se relèvent et se congratulent. En tapotant sa petite sacoche, Luc fait comprendre à Marcel que le butin est en lieu sûr. Je suis prêt à parier ma paye du jour que la parure déchiquetée n’est pas le seul objet qui cette nuit aura disparu de cette collection. Mais je peux me tromper et le doute profitera aux accusés. En attendant, Marcel s’en retourne d’un pas non chaland consoler Rose du mieux qu’il peut.

J’entends la troupe en furie caracoler en une course endiablée au fin fond du palais. La voilà qui se rapproche. Je la vois. Elle est là fonçant sur moi. Elle passe en trombe me rasant les moustaches et manque d’écraser Luc le téméraire sachant se sauver sans son chien. Rose en cause se mêle d’un jet à la course. Marcel lui emboîte la foulée. Je vois là sous mes yeux le chien, la guide, Bastien, Saly, Rémi, Denis, l’Américain, Elisabeth, Gaëlle le smartphone à la main, Rose et Marcel à la peine, tous en file indienne, courir, détaler, fuir, virevolter, danser en une vive farandole drôlement pressée. Jusqu’au moment où … le chien épuisé vient se réfugier haletant dans les bras se son maître. Tout s’arrête et chacun reste quoi. Quoi ? Va-t-on blâmer l’aveugle ? Va-t-on pendre son chien ? Va-t-on exiger réparation pour ce bout de tissu disparu ?

C’est à ce moment là que Luc, honteux et confus, jura mais un peu tard que son chien ne l’y reprendrait plus. Il ouvre sa sacoche et en sort, devinez quoi, la parure d’allante allure !  qu’il avait habilement subtilisée lors d’un moment d’égarement de cette belle assemblée. Le précieux retrouvé, tout le monde est enchanté.

L’histoire de ce nouveau repaire de vestibuphiles vient bel et bien de commencer. En trombe !

vendredi 11 septembre 2020

Tourne tourne tounugeois à bicyclette


Ce jour là, moi, Victor Lecoup, je me rends à Tournus, Côte-d'Or, France.
 Pour mon job, mon enquête, mon reportage. A la rencontre d'un collectionneur de mille et uns vélos. Vélocipédiste tournugeois.


Le musée est classe. De sages cycles s'alignent silencieux. Deux roues debout sans boue ni bottes de pilote. Le gars, lui, est un peu casse-botte. Genre "qu'a tout vu qu'sait tout mieux que tous". Mes oreilles sifflent. Ma visite mal guidée est mal embringuée.

Peu à peu l'idée me vient qu'un peu d'animation ferait du bien. A mi chemin de la fin, je glisse un mot à un à môme ami à mi chemin entre le bon ami et l'ami donné parce qu'on ne me l'a pas vendu. Il a la tête de l'emploi. Complice, il s’éclipse. Et tranquillement s'en va enfourcher un beau cycle de course du temps du beau Bobet à l'insu du guide guindé dans sa baratin.

Et voilà notre cycliste sur piste pistant le guide. Un guide pisté par un cycle endiablé, c'est la Terre à l'envers ! En file indienne derrière le chef, mon ami pédale aux pieds dans le dos, j'avance à pied sans cape en riant sous cape. Jusqu'à croiser sur mon allée, posé là par hasard dans l'attente d'être fixé sur son sort, un allant cycle m'allant bien que je monte à mon tour.

Le guide, guidé par un coup de guidon mal guidé, se retourne alors et me voit moi monté sur deux roues interdites. Esclandre ! Je me décide à filer sans attendre mon filou de môme dans ma roue, tous deux coursés par le donneur de longs cours. Quelle course amusée en musée !

Je sors dans la rue, suivi de mon môme ami, suivi du guide déglingué, qui se jette dehors sur son vélo à lui à huile et à essence, vieux Solex retapé pour taper dans l’œil des passant pas taupes pour autant. Je double deux jolies filles, avançant bavardant vacillant sur leurs cycles de filles, qui se décident à enfiler la file.

Je roule dans la rue sur mon engin génial, suivi de mon môme ami sur le beau bijou du beau Bobet, d'un Solex isolé et deux bicyclette à demoiselles. Spectacle qui amuse trois gamins gonflés à la gomme de VTT, qui aussitôt décident de joindre sur-le-champ la caravane grave qui passe dans l'aigu des bruits de chaînes mal huilées.

La file file alors en descente à vive allure avec l'allure d'un rustre spectacle de rue. Haut en couleurs. Haut en vitesse. Trop vite pour l'agent de la maréchaussée qui ne s'est pas marré à voir le feu brûlé. Aussitôt sifflé, aussitôt filé. Notre policier de rue sur ses fourches solides solidement pédale.

Un vieux biclou, un bijou à deux roues, un Solex, deux bicyclettes, trois VTT, tous coursés par un agent monté sur cycle ! On passe à vive allure devant les terrasses des cafés. On est craint. On est applaudi. Jusqu'au moment où ... la course prend fin au pied d'un escalier dans les cris et les grincements de dents.

Par chance peu mêlé à cette mêlée bien emmêlée, je parviens à filer à pied à l'anglaise, m'escamotant en montant seul le petit escalier qu'en vélo je ne pouvais pas escalader.


vendredi 4 septembre 2020

Périculosiplantaphile, une plante caustique en danger !

Ce jour-là, moi, Victor Lecoup, je me rends à La Gacilly, Morbihan, Bretagne, France. Pour mon job, mon enquête, mon reportage. A la rencontre d'un caustique collectionneur de plantes toxiques.


Je sonne à la porte. On m'ouvre. On est un homme, solide, bien mis dans son costume bien mis. Comme moi. On et moi sommes faits pour nous entendre. D'emblée le courant passe. "Salut !' "Salut" !". Echange de politesses. Tout va bien. On et moi nous installons à une petite table. Je sors mon bloc-notes. On me le confisque. "Pas de bloc-notes entre nous ! Ici, tu poses les questions, je réponds à ma guise mais personne n'écrit rien. C'est ça ou rien."


Je commence donc mon entretien, les mains croisées, les yeux droits sur lui, pour mieux me concentrer.


"Tu as une collection. Belle. Et un peu spéciale. A ce que j'ai appris. Est-ce bien vrai ?" 
Aucun son mais une vague moue en guise de réponse. "Je suppose donc vrai ce que tes fans racontent. Que cette collection est ici, chez toi, dans cette propriété." Aucun son mais une vague moue en guise de réponse. "Je vais te dire moi ce que je sais que tu as toi, dans cette collection. Du muguet. Joli muguet de mai qui envoie au ciel qui le croit aussi bon à croquer que sublime à respirer. De l'arum. Pas mal non plus, l'arum. Voilà ce que j'en ai retenu :


  • Après l'absorption de parties de plante fraîche, on observe une inflammation, une brûlure et un oedème de la langue et des lèvres, pouvant aller jusqu'à la formation de vésicules. D'autres symptômes apparaissent tels que la soif, l'enrouement, des vomissements, des diarrhées sanglantes avec une hypersalivation et une mydriase. Si l'ingestion dépasse 15 baies, l'intoxication est grave : on observe alors une hypothermie, des troubles cardiaques, des convulsions, un coma s'installe et le décès survient.


Superbe arum ! Qui peut-être confondu avec le tant convoité ail de l'ours ! Superbe piège à belle-mère gourmande de bons petits plats préparés avec amour par son gendre."


Considérant qu'on restera coi tant que je resterai droit, je décide de dérouler ma liste sans attendre de commentaires. La colchique,la rhubarbe, la digitale, le lierre. Des classiques. La fabuleuse belladone, si généreuse avec les héritiers de gens riches au cœur fragile. Sorbier, laurier rose, fusain, amier, bryone, arnica, ciguë, pois rouge, ricin, anémone, dauphinelle. Je liste tout ce que je connais. J'ai en retour toujours la même moue. Rhododendron, hellébore, narcisse, berbéris, houx, gui, lupin, actée, marronnier, chardon, renoncule,chèvrefeuille, pavot, robinier, cytise, nielle, viorne, troène, tabac. Je m'arrête là. Je crois bien avoir fait un tabac.

Tout fier de moi, j'attends d'entendre enfin le son de la voix d'on. Mais rien. J'attends. On attend. Rien. Je décide donc de lâcher le morceau.


"Bravo pour cette collection fabuleuse. J'ai en plus un petit secret pour toi, tout petit secret, pas bien méchant. Je sais, oui, je sais le secret que tu crois que personne ne sait.. Quoi ? Ton labo pardi. Là où tu fais tes décoctions et autres préparations. Ta petite cuisine pour ta petite cuisine. Délicieux nid où tu fabriques avec amour tes remèdes à tomber par terre. Et que tu vends très cher, paraît-il, sous le manteau. Petit coquin ! Balivernes, diras-tu. Et tu auras bien raison. Faire peur, oui, c'est drôle, mais faire mourir, même de rire, non, ce n'est pas drôle."

Alors, je montre du doigt un tout petit tableau accroché à un mur de la salle. Je m'en approche. Je le décroche. Je colle mon œil à un petit œilleton, masquée par le tableau. Et là, avec un peu d'effort, je devine dans la pénombre un tout petit réduit aveugle. On ne paraît pas surpris. Ni furieux. Il vient vers moi et regarde à son tour, réjouis.

"Bonjour, Monsieur Lecoup. Je vous remercie pour votre aide. Si précieuse. Le labo n'est plus un mythe mais il est désormais une réalité, j'en suis tout remué. 
Je me présente, Martin Martin, Gendarme à Saint-Martin-sur-Oust. Allez ! Oust ! On embarque !" Et me voilà menotté par la marée-chaussée, qui sort de la pièce d'à-côté un beau gaillard menotté ... le caustique périculosiplantaphile désormais en danger ...

Regard d'échange entre lui et moi. Lui furibond, moi, furibard. D'un bond, il se jette sur moi. D'un bond, j’esquive. La marée-chaussée bridée vole et s'écrase en éclat, propulsée par ses deux combattants déchaînés. Coups de savates, de poings et de boules. Étranglements contre mouvements d'épaules. Sanglants ensanglantés. On est finalement embarqué là-bas et moi épinglé ici.


Isolé dans ma camisole, je me dis en moi-même qu'on et moi s'accorderont bien un jour pour servir une bonne soupe de ricin à la gendarmerie de Saint-Martin.